samedi 29 juin 2013

La posture du coach : renoncer au besoin de contrôle et à l’impatience, co-apprendre l’art de la relation.

 
La posture du coach : renoncer au besoin de contrôle et  à l’impatience, co-apprendre l’art de la relation.
(Ami ou Ennemi / Maurane)

musique ! http://www.deezer.com/track/886163



Je possède deux qualités à proscrire en tant que coach : le besoin de contrôle et l’impatience. Il me faut tout, tout de suite et si possible…avant-hier…folie de l’impatience ! Pour me sentir bien, c’est à dire me sentir libre, j’ai besoin de contrôler, besoin d’anticiper, de comprendre…folie du contrôle !

Alors dans l’impatience et le contrôle comment donner de la place à l’autre ? Comment accueillir la rencontre ? Quelle relation ? Peut-être en étant le coach, gardien du cadre.

Lorsque j’arrive en séance, je goûte l’instant présent, déploie et ouvre mes sens. J’arrive dans la gourmandise de l’imprévu. J’accepte de descendre du tapis roulant du temps. Je mets de côté les repères spatiaux et temporels qui structurent ma vie et me rassurent. J’accepte de ne plus prévoir, de ne plus anticiper. Je suis d’accord pour me laisser surprendre ! Je suis d’accord pour m’offrir en pleine conscience. Je suis d’accord pour m’abandonner en pleine présence. Quel chemin allons-nous parcourir, coaché et coach, durant l’heure et demie à venir ? Je l’ignore.

Comme convenu nous nous retrouvons rue des Petits-Champs, une petite rue parisienne qui se cache derrière le Palais Royal. Selon les circonstances, dans cette rue, il y a du sable, la montagne, la mer ou bien la forêt…parfois tous ces paysages se présentent, défilent, parfois c’est un arrêt sur image, sur un coin de votre vie. Nous nous retrouvons à l’orée de la clairière et commençons à cheminer. Parfois une larme survient, ou bien, c’est un éclat de rire. Il y a de la maladresse, aussi. Nos regards s’interrogent, nos âmes vibrent et s’ajustent. Cette route là, devant nous, devant moi, je l’ignore. Je ne l’ai jamais prise. Nous n’y passerons qu’une seule fois, vous et moi.

Nous nous prenons la main et je dois dire que ce qui se passe me décontenance, me déconcerte. Quelle est donc cette danse, quelle est donc cette marche, qui fait fi des règles élémentaires des danses de salon ? Il n’y a donc pas de cavalier conducteur ? Je m’incline vers vous et vous propose ce geste, vous m’offrez cette parole. Voici qu’une sensation vous traverse, je l’accueille et tournoie. Je vous la renvoie, ou pas. Petit à petit, au fil des séances, je comprends qu’ici, le rôle de conducteur est à prendre en alternance voire…simultanément…dans un double lâcher prise, dans un double renoncement, dans une belle humilité, une humilité souvent douce et riante. La belle simplicité de cette danse, rare, où le conducteur n’est pas d’usage.

Oh bien entendu, la simultanéité du lâcher-prise n’est pas chose facile ! Nous allons l’expérimenter et serons attentifs à ce qui viendra…

Nous parcourons une portion de cette forêt unique. C’est la forêt de votre projet, la forêt d’une portion de votre vie. Nous parvenons à une grande clairière, au milieu de celle-ci se trouve une toile posée sur un chevalet. A côté de ce chevalet, une petite table, le nécessaire du peintre et…un seul pinceau. Alors côte à côte, alors l’un après l’autre, nous peignons, nous traçons des signes. Le pinceau glisse, des traces de gestes libres, de pure création. Vous tracez cette courbe blanche sur un fond, gris. Cette courbe zigzague, le pinceau glisse. Il tourne, retourne et contourne. En silence, vous me passez le pinceau, je prolonge votre trait. Je l’entoure de quelques points, certains s’exclament, d’autres s’interrogent. Je vous redonne le pinceau.

D’une séance à l’autre, le rythme varie. Il s’accélère, il ralentit. J’accélère, vous ralentissez ! Vous accélérez, je freine ! Mais le plus souvent, au bout de quelques dizaines de minutes, le « nous » vient, nous devenons synchrones dans une relation plus fluide. La survenance de la fluidité, je la souhaite et sais bien qu’elle n’est pas obligatoire. Moins je la souhaite, plus elle s’installe ? Ce qui advient dans l’établissement de ce nous, est riche d’enseignement. Quel que soit le tempo de la relation coach-coaché, il est vrai que le coaching fait parti de ces échanges qui permettent l’apprentissage du « nous ». Ici le nous a toute sa place, il prend le dessus sur vous et moi. Nous apprenons vous et moi à être attentif à ce nous, à lui laisser toute la place qu’il souhaite. Il se déploie. Cet apprentissage du nous du coaching, est un apprentissage plus général de la relation, d’un mode de relation à déployer dans d’autres cadres comme la vie professionnelle, notamment.

Parfois il nous faut du temps pour entrer en relation, pour trouver notre bon tempo. Parfois nous dansons synchrones, nous touchant à peine. Vous et moi, c'est toujours la première fois de l’instant présent et pourtant nous apprenons à nous connaître. Oui, un apprivoisement de l’être ensemble s’opère. A chaque relation, sa danse. A chaque relation ça danse !

Dans l’accompagnement de l’autre, il n’y a pas de bon rythme de référence. Le bon rythme est celui qui s’instaure, petit à petit, au fil des séances. Dans l’accompagnement de l’autre, le coach peut proposer un ajustement du rythme par son écoute. Il n’impose par un rythme mais le propose et le réglage intervient, ou non. 

Lâcher-prise mon besoin de contrôle, renoncer à mon impatience, co-apprendre l’art de la relation sont au cœur de mon activité de coach.


Un grand merci à Gaëlle Piton m’avoir fait découvrir cette chanson de Maurane qui a joliment cadencé l’écriture de ce texte.



Les Pavillons-sous-Bois, le samedi 29 juin 2013 au petit matin.

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