mardi 22 avril 2014

Des modes de relation différents au cours d'une même séance de coaching

L'entretien de coaching, qui matérialise la séance, ancre la démarche dans sa dimension relationnelle. L'atteinte du changement demandé par le coaché repose en parti sur la relation coach / coaché. Il est donc légitime d'évoquer une "co-construction" d'une partie de la réalité du coaché – un projet professionnel, une manière d'être - à travers la relation de coaching.

Cependant, il s'agit d'accompagner le libre déploiement d'une personne dans sa vérité. A la fois, il en irait autrement pour le coaché s'il n'y avait pas ces séances, et donc cette relation, et à la fois, il s'agit d'accompagner le développement de la personne dans ce qu'elle a d'unique et de fondamentalement différent du coach. C'est pourquoi, au fil de ma pratique, j'apprends et suis vigilant face aux "oui" enthousiaste donné en séance par le coaché.

Je m'explique : Au cours d'une séance, il peut m'arriver de suggérer au coaché telle ou telle action qu'il pourrait mettre en œuvre d'ici la prochaine rencontre. Très souvent, cette nouvelle façon de faire émerge d'ailleurs du dialogue, de sorte que c'est plutôt la relation coach-coaché qui porte la « paternité » de cette nouveauté plutôt que moi seul, en tant que coach. 

Dans notre métier, cela s'appelle une "prescription de tâche". Elle a souvent pour but d'amener le coaché à expérimenter, à tester, une nouvelle façon de faire élaborée lors de la séance. Mais cette nouvelle façon de faire et ce oui du coaché pour tenter de la mettre en œuvre, font-ils écho à sa personne profonde ?

Puisqu'il s'agit pour la personne accompagnée de s'inventer, de se vivre différemment dans une situation précise, les tâtonnements, les tentatives répétées ne sont pas à exclure. Ce tentatives sont même à encourager. Si le coaché trouvait de suite la bonne nouvelle façon de faire, le coaching s’arrêterait bien vite...Et d'ailleurs c'est ce qui se produit parfois !

Donc si l'expérimentation répétée est de mise, encore faut-il qu'elle ait lieu. Or, il arrive que le coaché pris dans la dynamique de la séance fasse part de son envie d'essayer cette nouvelle façon de faire et se présente à la séance suivante sans que rien ne soit arrivé. Il est certain que cette non action peut nourrir utilement la séance et amener le coaché à prendre conscience de quelque chose dans son processus de décision et dans sa manière d'être en relation. Et moi à m'interroger sur ma pratique...puisque le faire ou le non faire du coaché est partiellement conditionné par le coach....Mais j'estime que c'est aussi à moi, en tant que coach, d'être vigilant.

Paradoxalement, je suis vigilant face au bon climat de la séance, de la relation. Souvent la séance est « chaleureuse », il y a des rires, une bonne entente, une confiance réciproque. Parfois la personne accompagnée arrive dans un état de fatigue, avec une légère déprime, adopte un ton plaintif. Et puis au bout de quelques minutes d'échange, elle retrouve petit à petit le sourire, l'envie d'avancer. Elle se reconnecte à la raison pour laquelle elle vient me voir. Elle se recontacte avec son objectif de changement. C'est d'ailleurs pour contribuer à la ramener dans le cadre de ce pourquoi nous nous retrouvons face à face, que je demande le paiement de la séance au début et non à la fin.

Je suis donc vigilant au bon climat de la séance. Cette qualité de climat relationnel, qui passe par le rire, l'étonnement, des propos parfois décalés, la surprise, constitue pour moi une stratégie propice à créer du nouveau pour le coaché, un nouveau l'aidant à aller vers son objectif de changement. Mais une fois que le nouveau est apparu je change d'attitude. J'adopte une posture de retrait. Je laisse le plus de place possible au dialogue intérieur du coaché par une alternance de longs silences et de questions. Mon objectif est d'amener la personne accompagnée à faire sienne le plus possible cette nouveauté, à la ruminer, à la questionner, à l'ajuster, à la travailler en séance. Il s'agit de l'aider à envisager les bénéfices et les inconvénients de cette nouvelle façon d'être qui se matérialise par un « faire », de l'aider à mesurer l'intérêt qu'elle a ou non, à l'expérimenter, de l'accompagner dans l'ajustement du contenu qu'elle pourra prendre par rapport à la première idée qui a surgit de notre échange.


En résumé, et c'est une façon de caractériser ce qui se joue en coaching, si le nouveau surgit d'une certaine façon d'être en relation, cette façon d'être en relation change dès lors que ce surgissement a eu lieu !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire